22.6.06

17 juin - Retrouvailles

Nous nous retrouvons 6 semaines après le retour afin de partager nos impressions du voyage et de planifier des événements à organiser pour parler de Cuba et tenter de faire un peu contrepoids à la propagande anti-Cuba dans les médias. Tout le monde n'a pas pu venir, mais nous sommes 10 sur 14, ce qui est déjà pas mal.

Nous racontons comment s'est passé notre retour à la vie normale. Pour ma part, j'étais épuisée pendant des jours, j'ai eu une espèce de sinusite dès le lendemain de mon arrivée à Montréal, alors que je n'ai jamais eu ça. Peut-être le choc du changement de température, mais je pense que c'est surtout parce que j'étais «sur l'adrénaline» tout le long du voyage et que dès mon retour, la fatigue accumulée m'est tombée dessus et toutes mes défenses se sont écroulées. J'ai beaucoup dormi et beaucoup rêvé, je me réveillais la nuit en me pensant encore à Cuba.

D'autres ont eu du mal à reprendre goût à leur vie quotidienne, trouvant leurs activités bien superficielles et inintéressantes.

Philippe Le Roux est venu nous parler des divers groupes qui constituent la Table de concertation, ainsi que des activités à venir. Il y aura comme l'année dernière une grande fête cubaine sous le chapiteau du marché Maisonneuve. Cete année, ce sera le 27 août et il y aura aussi des activités sur la place du marché et dans des salles de la Maison de la culture, y compris des projections de films, dont Viva Cuba, un film cubain (franco-cubain en fait) de 2005.

Si tout va bien, Mario Pelegrín sera à Waterloo, dans l'Estrie, durant tout le mois d'octobre. En plus d'exposer ses oeuvres, il donnera des ateliers dans les écoles. Il peindra également une murale. On va essayer de trouver des occasions de le faire venir aussi à Montréal. Il aurait sûrement sa place à la conférence de Solidarité Québec-Cuba qui aura lieu le 8 octobre. Les organisateurs essaient de faire venir Alberto Granado, le compagnon de voyage du Che lors de son célèbre périple à moto en Amérique du Sud, raconté dans le film Carnets de voyage, de Walter Sales.

Philippe Le Roux parle aussi d'organiser des soirées mensuelles dans un bar ou un café de Montréal pour discuter de Cuba.

La journée du 17 s'est conclue par une soirée dans la cour de Lisa-Marie. Nous avons regardé les photos des autres et dansé un peu la conga. Une soirée agréable, mais il manquait du monde et un parfum de nostalgie flottait dans l'air...

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Et voilà, mon récit est fini. Mais je rappelle à tous mes compagnons de voyage de ne pas se gêner pour compléter tout ça en écrivant des commentaires...

¡Hasta la victoria siempre y hasta luego compañeros!

6 mai - Retour au bercail

Notre avion est à 7 h. J'avais pensé qu'il faudrait arriver à l'aéroport 3 h avant et que donc, nous ne dormirions pas la dernière nuit, mais Eva (notre accompagnatrice cubaine) nous a dit que ce n'était pas nécessaire d'arriver si longtemps à l'avance. Nous nous sommes levés à 4 h. Dur dur après une nuit si courte...

Nous avons apporté nos bagages à la cafétéria, où on nous a servi un petit déjeuner plutôt élémentaire, mais c'est déjà beau que le personnel soit debout à cette heure. J'ai décidé de retourner faire un petit tour aux toilettes avant de partir et quand je suis revenue à la cafétéria, il n'y avait là que mes bagages, tout le monde était déjà parti au bus. Aux bus, en fait, parce que beaucoup de gens quittent le campement ce matin pour s'en retourner dans leurs pays respectifs. J'ai piqué un sprint - façon de parler, avec mes bagages plutôt lourds. Ils le sont quand même beaucoup moins qu'au début, grâce à tout ce que j'ai donné. Heureusement, Moïse m'attend dans l'allée qui mène aux bus, il a dû se douter que dans le noir, je ne retrouverais pas facilement notre bus à nous. Mais en fin de compte, je ne suis pas la dernière arrivée, il manque encore Eva, qui nous accompagne jusqu'à l'aéroport.

Moi qui m'inquiète toujours de tout, je réussis à rester plutôt calme pendant le trajet, j'espère seulement qu'on n'aura pas de pépin mécanique, crevaison ou autre, parce qu'alors on manquerait certainement notre avion. Nous arrivons à l'aéroport à 5 h 50. Colette Lavergne, que nous avons vue à divers moments de notre voyage, nous y attend, affolée, convaincue que nous sommes en panne quelque part. Elle nous dit que le comptoir d'enregistrement ferme dans 10 minutes. C'est donc la course avec les bagages. Je n'ai même pas salué Dan (notre chauffeur préféré) et Eva. Avant de passer au comptoir, un arrêt à une machine où l'on recouvre nos bagages d'une pellicule plastique, avant de faire des trous pour les poignées. Un système pour contrer les vols, auparavant fort courants, paraît-il. Puis c'est toute la série de formalités, à divers guichets et comptoirs. Enregistrement. Taxe d'aéroport. Sécurité. Heureusement qu'il me reste peu de pesos, je n'aurais pas trouvé le temps de les changer. Ce qui me reste me servira sans doute pour un autre voyage à Cuba. Nous traversons un long hall où il y a les boutiques hors-taxes puis il faut faire la queue très longtemps (elle n'est pas si longue, mais ça n'avance pas) pour un deuxième contrôle de sécurité juste avant de monter dans l'avion. Pas un moment de répit, c'est bien la première fois que je n'ai pas de temps à tuer dans un aéroport.

Nous sommes éparpillés dans l'avion. Je suis presque au fond et comme il reste des places libres près de moi, je vais chercher Luce après le décollage. Je sais qu'elle déteste être coincée entre deux personnes, elle est très contente de la place que je lui ai trouvée au bord de l'allée. Colette n'est pas loin, j'ai jasé un bout de temps avec elle. Mon voisin est plutôt étrange, un photographe de Montréal qui passe 6 mois par an à Cuba.

À l'arrivée à Dorval, Grant m'attend. Des becs à tout le monde mais c'est comme si le voyage avait fini hier soir, tout été beaucoup trop précipité aujourd'hui. Il pleut fort et il fait à peine 12 C. Beurk!
(suite du récit)

5 mai (10) - Dernières images

Tout le monde est au rendez-vous devant le musée avant 17h, l'heure prévue pour le retour. Ça dort dans le bus, nous sommes crevés. Je prends plein de photos le long de la route, notre dernier trajet de jour.
Encore une soirée festive au campement. Même moi qui n'ai pas bu une goutte d'alcool jusque là (je dois bien être la voyageuse la plus sobre à Cuba...), je me décide à boire un peu de rhum dans du jus d'ananas. Ah oui c'est vrai, hier soir, j'ai bu deux gorgées de rhum de la Guadeloupe. Ça aussi c'est original quand on est à Cuba... C'est le premier soir où il fait assez chaud pour se passer de chandail. D'habitude, ça rafraîchit pas mal au coucher de soleil. Deux de mes compagnes et moi, nous avons été les premières sur la piste de danse. J'ai préparé mes bagages avant d'aller fêter, j'ai même déjà sur moi les vêtements avec lesquels je partirai demain. Je veille tard ce soir, jusqu'à 1h30. La fête a duré au moins jusqu'à 2h, j'avais hâte que ça finisse pour dormir un peu, puisque le lever est prévu à 4h du matin... (suite du récit)

5 mai (9) - Ô Canada à Cuba

Près de l'hôtel Telégrafo et du Grand Théâtre de La Havane, des musiciens occupent tout le trottoir. Je m'approche et j'ai la surprise de voir le «Ô Canada» sur les lutrins.



Un vieux musicien cubain m'explique qu'ils jouent avec de jeunes Canadiens. Ils doivent venir juste d'arriver, ils ont la peau très blanche...
(suite du récit)

5 mai (8) - Dernière déambulation

Il fait très chaud au soleil, mais à l'ombre on est bien, il y a une petite brise. J'ai marché longtemps, seule, dans les rues de la Vieille Havane. Mais je manque d'énergie et d'enthousiasme. Je suis allée jusqu'à Harris Brothers, une petite galerie marchande climatisée, puis j'ai marché sur la rue Obispo jusqu'à la Place d'Armes. Il y a là plein de bouquinistes.

Je suis revenue ensuite près de mon point de départ et je me suis promenée sur le Paseo del Prado, une large promenade ombragée qui me donne un peu l'impression d'être en Espagne. Je manque de sens de l'orientation, comme toujours, et lorsque je demande mon chemin pour retrouver le Musée de la Révolution, une dame me prend pour une Italienne parce que je dis «il museo» plutôt que «el museo». J'aurai donc eu ce problème de confusion des deux langues jusqu'à la fin de mon voyage. Mais les gens comprennent quand même, en général, quand je glisse quelques mots italiens dans mes tentatives d'espagnol... (suite du récit)

5 mai (7) - Quelques véhicules...

Le Musée de la Révolution comprend aussi un bâtiment vitré qui abrite le Granma, le petit yacht sur lequel Fidel, Che et leurs compagnons ont débarqué à Cuba en 1956.


Autour du bâtiment, des avions et d'autres véhicules, dont un char d'assaut utilisé pour repousser l'invasion de la Baie des cochons. (suite du récit)

5 mai (6) - Vues du musée




(suite du récit)

5 mai (5)-Musée de la Révolution 2

Voici une photo qui donne une idée des conditions dans les orphelinats avant la révolution.





Melba Hernández et Haydée Santamaria, les deux femmes qui ont participé à l'attaque de la caserne de la Moncada en 1953.

Camilo Cienfuegos et Che dans la Sierra Maestra... Ça me rappelle le genre de choses qu'on voyait dans les musées quand j'étais petite. Ou le musée de cire? (suite du récit)

5 mai (4) - Musée de la Révolution 1

Notre autobus nous dépose devant le Musée de la Révolution, un bâtiment trop grand pour l'énergie que j'ai...






Voici d'abord quelques photos de salles de cet ancien palais présidentiel.
(suite du récit)




5 mai (3) - Au pays des merveilles

Un spectacle de danse émouvant nous est présenté. La jeune fille de la première photo danse avec beaucoup de grâce. Je n'aurais pas cru qu'une personne trisomique puisse faire des gestes si précis et transmettre autant d'émotion. On nous a expliqué plus tôt qu'elle est aussi gymnaste et a déjà participé à des Jeux paralympiques.
Cette très belle jeune femme est angolaise. Elle est à Cuba pour apprendre à coudre et retournera ensuite dans son pays, où elle pourra faire un travail utile malgré son handicap.


Les autres danseurs étaient moins gracieux mais j'ai été impressionnée par leur ensemble.

Encore là, tous semblent très heureux. Les gens qui s'occupent d'eux sont affectueux, les touchent beaucoup et ont l'air d'avoir pour eux un amour sincère. Comme il est écrit en haut de la scène, «Seul l'amour engendre la merveille», une phrase tirée d'une chanson de Silvio Rodriguez.

Sólo el amor

Debes amar la arcilla que va en tus manos
Debes amar su arena hasta la locura
Y si no, no la emprendas que será en vano
Sólo el amor alumbra lo que perdura
Sólo el amor convierte en milagro el barro

Debes amar el tiempo de los intentos
Debes amar la hora que nunca brilla
Y si no, no pretendas tocar lo cierto
Sólo el amor engendra la maravilla
Sólo el amor consigue encender lo muerto

L'amour seul

Tu dois aimer l'argile que tu pétris
Tu dois aimer son sable jusqu'à la folie
Sinon, ne la touche pas, ce serait en vain
L'amour seul illumine ce qui demeure
L'amour seul fait un miracle avec la glaise

Tu dois aimer le temps des désirs
Tu dois aimer l'heure qui ne brille pas
Sinon, ne prétends pas toucher le vrai
L'amour seul engendre la merveille
L'amour seul enflamme ce qui est mort

(suite du récit)

5 mai (2) - Ateliers protégés

Dans les ateliers protégés, on fabrique des sacs de papier décorés, des enveloppes, des poupées, toutes sortes de choses. Les travailleurs (handicapés mentaux) sont syndiqués, ce sont eux qui l'ont demandé. Certains sont déjà en tenue pour un spectacle qui nous sera présenté un peu plus tard. Tous travaillent très soigneusement, sans se salir.
La grande salle claire est divisée en secteurs par des cloisons basses. Ici aussi, comme dans le parc, l'ambiance est calme et les gens semblent heureux.



Ces hommes fabriquent des chapeaux à partir de feuilles mortes d'arbres du parc, la matière première ne coûte donc rien. L'un d'eux découpe les feuilles en lanières, l'autre les tresse. (suite du récit)