23.5.06

24 avril (8) - Le Che à l'enfant


Un merci spécial à Lisa-Marie pour la première photo. Après le Train blindé, nous sommes allés voir une statue du Che, oeuvre du sculpteur espagnol Casto Solano. Il faut faire le tour de la statue et regarder tous les petits détails qui symbolisent la vie du Che, une moto sur son pied pour son voyage de jeunesse décrit dans le film «Carnets de voyage» (Diarios de motocicleta), un lama sur l'épaule pour l'histoire qu'il raconte à l'enfant, des combattants sur son ceinturon et cette jeune fille, qui de l'autre côté se cache, captive peut-être, et après le passage du Che, la voilà libre à sa fenêtre.
Il y a aussi Don Quichotte dans l'une de ses poches. Il paraît que ça porte bonheur de toucher le pied de l'enfant et la botte du Che, alors ces parties de la statues sont bien luisantes. Sur la photo de groupe, c'est drôle, les Cubains sont tous alignés (verticalement) à gauche. En haut, Dan, notre chauffeur très sympathique, puis Eva, notre accompagnatrice et interprète et enfin Miguelito, de l'ICAP. Moi je suis celle qui est accroupie près de Miguelito et d'Eva, avec le chapeau marine. J'ai l'air de mauvaise humeur, mais j'ai presque toujours cet air-là sur les photos...
(suite du récit)

24 avril (7) - Chiens cubains

Il y a des chiens partout à Cuba et ils ont souvent l'air très sympathiques.

Au CIJAM, ils se promènent le long des dortoirs mais ne semblent jamais y entrer. Il y en a même dans les couloirs de la résidence étudiante où on habite.

En voici deux au Train blindé.
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24 avril (6) - Futurs champions?

Tout près du train blindé, voici peut-être les futurs champions du monde de baseball... Pour ceux qui ne le sauraient pas, Cuba est arrivé deuxième au Mondial 2006 de baseball, derrière le Japon.
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24 avril (5) - Le train blindé

Le 28 décembre 1958, Che et ses hommes dressent une embuscade et réussissent à arrêter un train de soldats et de munitions que Batista envoyait à Santiago de Cuba pour attaquer les révolutionnaires.


Les soldats se rendent assez vite, Che leur ayant fait croire que ses hommes étaient beaucoup plus nombreux qu'ils ne l'étaient vraiment. Le 1er janvier 1959, on apprend que Batista a fui le pays. La capture du train fut donc l'un des facteurs décisifs dans la victoire de la Révolution.
(suite du récit)

24 avril (4) - El Vaquerito

L'église Nuestra Señora del Carmen, qui date de 1748, est la plus ancienne de la ville. Elle a déjà servi de prison pour les femmes (1868-1878) mais on nous a emmenés ici pour nous parler du «Vaquerito» (le petit cow-boy), de son vrai nom Roberto Rodríguez.

Comme je manquais de sommeil, j'écoutais à moitié, alors j'écris ici les éléments d'information dont je me rappelle ou que j'ai trouvés ici et là. N'hésitez pas à me corriger ou à compléter dans les commentaires...

Vaquerito commandait l'escadron suicide des troupes révolutionnaires. Il est mort là en décembre 1958, la veille de la capture de Santa Clara et donc de la victoire de la révolution.
On nous a raconté que ses troupes ont creusé des trous dans les murs de toutes les maisons de la place pour pouvoir attaquer (le poste de police?) sans que les soldats de Batista les voient arriver, en passant d'une maison à l'autre.
Lorsque les autres sont sortis hier soir, ils ont fait la connaissance de Julio Guerra, un vieux compagnon du Che, qui a justement participé à cette attaque. C'est là qu'il a rencontré sa future épouse, puisqu'elle habitait l'une des maisons autour de la place.
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24 avril (3) - L'ICAP de Santa Clara

Plusieurs visites cet après-midi. D'abord au siège de l'ICAP (Institut cubain d'amitié avec les peuples) de Santa Clara, où après nous avoir expliqué le rôle de l'organisme, on nous fait visiter un chantier derrière l'édifice actuel. Ils sont en train de construire plusieurs bâtiments pour que les brigades n'aient plus à loger à la résidence où on est, ce qui coûtera moins cher et permettra d'accueillir même des voyageurs individuels. La camarade Iris nous a dit que la prochaine fois qu'on reviendra à Cuba, ce sera «notre» maison. En attendant, il leur manque plein de matériel pour finir les travaux.
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24 avril (2) - Au boulot!

Ça n'a servi à rien de me coucher tôt, j'ai très peu dormi encore cette nuit... Petit déjeuner : café au lait, oeufs et pain (plus le Nutella que j'ai apporté). On nous emmène travailler dans une école d'informatique, l'Instituto Politécnico de Informatica «Lázaro Cárdenas del Río», nommé ainsi en l'honneur de l'ancien président mexicain (de 1934 à 1940) qui a notamment nationalisé l'industrie pétrolière et les chemins de fer et procédé à une énorme réforme agraire, redistribuant des millions d'hectares de terre aux paysans. Il s'agit d'une école «moyenne». D'après ce que j'ai compris du système scolaire cubain, les enfants vont d'abord à l'école primaire pendant 6 ans, puis ils ont le secondaire général, qui se poursuit jusqu'à la 9e année. Ensuite ils continuent dans une école plus spécialisée. Les élèves de cette école ont donc 15 ans et plus. L'école compte quelque 2000 étudiants, tous internes. Ils étudient 11 jours de suite, puis rentrent chez leurs parents pendant 3 jours.
Le directeur et quelques autres personnes de l'école, accompagnées d'une représentante de l'ICAP (Institut cubain d'amitié avec les peuples), nous accueillent puis nous répartissent à divers endroits de l'école pour travailler. On est en train de refaire une bonne partie des bâtiments, mais sans fermer l'école. C'est un peu bordélique, il y a des tas de gravats et de terre un peu partout dans la cour. Certains vont travailler à l'installation électrique. Avec une bonne partie des filles, je suis assignée au nettoyage d'un bâtiment où on vient de faire du plâtre.
On nous fait d'abord laver des vitres et des volets avec du papier journal et un seau d'eau, ça ne fonctionne pas très bien. Par la suite, on nous trouve des chiffons, ce qui marche un peu mieux, malgré l'eau sale et l'absence de savon. On nous apporte aussi des balais fabriqués de palmes qui ne sont pas très efficaces. Le balayage fait lever plein de poussière de plâtre, certaines mettent des foulards sur la bouche. C'est moins pénible de laver et de gratter les comptoirs de céramique. On ouvre les fenêtres, ce qui nous amène des visiteurs. Des ouvriers nous draguent un peu, je fais l'interprète, avec mon espagnol assez élémentaire.
Après quelques heures de travail, on nous emmène dans la salle de conférences pour une présentation sur l'école. On nous sert aussi une boisson sucrée (à l'orange?) pas mauvaise et bien fraîche, ainsi que des sandwiches (juste avant d'aller manger...). Retour à la résidence, soupe aux haricots, quelques légumes, du poulet et des pommes de terre. Heureusement que Moïse et Éric ont un bon appétit, ils sont vite devenus les «poubelles» des moins affamés.
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24 avril (1) - Notre chambre

Voici notre toilette. Comme je l'ai déjà dit, les sièges de toilette sont une rareté à Cuba, à l'extérieur des installations destinées aux touristes. Nous avons découvert que notre chasse d'eau ne fonctionne à peu près pas. Alors mes colocataires et moi prenons tranquillement l'habitude de ne pas évacuer le contenu de la toilette après chaque utilisation. Quand il faut le faire, on envoie environ deux seaux d'eau. Le papier de toilette à mettre dans la poubelle, c'est pas évident. C'est là qu'on se rend compte à quel point on a des gestes automatiques. J'ai eu quelques distractions, mais je vais finir par prendre la routine.

C'est quand même le grand luxe, cette chambre. On a découvert qu'on a une femme de chambre, Dania, qui change les serviettes tous les jours, fait les lits et range même un peu nos affaires. Elle a commencé à changer les draps, mais on lui a dit que ça n'est vraiment pas nécessaire, on peut utiliser les mêmes draps pour la durée de notre séjour (6 jours). Elle nous laisse un peu de papier de toilette et des savons, alors que ce sont apparemment des denrées rares à Cuba.
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23 avril (3) - Première sortie

On nous emmène au centre-ville pour un concert donné par des élèves devant leurs parents et amis. Le soleil tape, tout le monde se cherche une place à l'ombre.


Dan a dû demander son chemin souvent, je l'ai trouvé très patient. Un super chauffeur, il a dû faire des prouesses pour tourner les coins avec ce grand bus.


On a applaudi après des manoeuvres particulièrement compliquées, où il devait avancer et reculer je ne sais combien de fois avant de pouvoir passer.

La dernière photo est prise en direction du Parque Leoncio Vidal, place principale de Santa Clara. L'édifice moderne qui défigure la vue de la vieille ville est l'hôtel Santa Clara Libre.

On est retournés manger à la résidence. Cette fois on mange dans la salle à manger «Protocolo», où on est seuls. Des fenêtres des deux côtés, au quatrième étage, avec une jolie vue sur les montagnes. C'est le grand luxe, après le CIJAM. Ici on mange vraiment comme au restaurant, on reste assis et on nous sert un plat après l'autre. Le menu de ce soir : soupe aux haricots noirs, puis une assiette avec un gros morceau de porc et du riz. Un pouding au chocolat un peu trop sucré pour finir.

Tous les autres sortent en ville, mais je suis trop crevée. Je prend une bonne douche fraîche (on s'habitue) et je me couche tôt.
(suite du récit)

23 avril (2) - Installation

Nous voici rendus chez nous, dans une résidence de la faculté de médecine ou quelque chose du genre (Institut supérieur de sciences médicales). Notre chambre a cinq lits et elle est plus luxueuse que j'aurais imaginé : la climatisation, un petit frigo, quatre placards, une table et des fauteuils, une toilette, une douche, deux lavabos et un genre de salle de lavage sur le balcon semi-fermé. Entre la chambre et la salle de bains, une petite pièce avec une table et quatre chaises. Pour des étudiantes qui habitent là toute l'année, ça doit être difficile de vivre avec aussi peu d'intimité mais pour nous, c'est très bien. Je m'attendais à un dortoir style auberge de jeunesse, avec des lits superposés et peu d'espace autour - c'est ce qu'on a eu au CIJAM, mais comme on n'était que trois dans mon dortoir, on avait quand même plein de place pour nos bagages et pour s'installer chacune dans son coin.

Le temps qu'on s'inscrive, l'heure normale de repas était déjà passée. Il a fallu attendre qu'on trouve de quoi nous concocter un repas. On mange exceptionnellement dans le restaurant du rez-de-chaussée, réservé aux étudiants «payants», qui sont surtout des Sud-Africains. Cuba accueille aussi beaucoup de jeunes de pays pauvres qui viennent étudier ici gratuitement.

Menu ce midi : une soupe aux haricots noirs, suivie d'oeufs garnis de ketchup et de moutarde (drôle d'idée...) et bien sûr du riz. Comme dessert, un petit bout de gâteau très sucré. On nous sert une boisson plutôt désaltérante à base de jus de fraises et de sucre. J'avais prévu boire de l'eau en bouteille pendant ce voyage, mais j'y ai renoncé, ça serait trop compliqué. On nous a dit que l'eau des villes répond aux normes internationales et qu'il était peu probable que ça nous rende malade. D'ailleurs, j'ai eu le vaccin Dukoral avant de partir. Ça protège à environ 25 % contre la diarrhée du voyageur (c'est-à-dire que le e coli provoque la moitié de ce type de diarrhée et que le vaccin protège dans la moitié des cas de diarrhées causées par le e coli). J'ai préféré prendre cette précaution après ma violente «tourista» de l'an dernier. Mais il paraît que ce sont plutôt les buffets des «tout-compris», la nourriture qui traîne des heures, qui peuvent rendre malade.
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23 avril (1) - En route pour Santa Clara

J'ai très peu dormi, la musique jusqu'à 2h du matin, l'énervement du voyage et tout ça. Je suis allée déjeuner vers 7h15. C'était en effet une bonne idée d'apporter du beurre d'arachides. Un de mes compagnons a même un gros pot de confitures, en verre! On nous a servi une tasse de lait chaud et un petit pain frais déjà beurré - ou est-ce de la tartinade de soya? On se sert à même une grande jarre de délicieux jus d'orange frais et il y a du café.

Départ pour Santa Clara vers 8h. Il fait très beau, la température est agréable. La route (l'autoroute A1) est un peu monotone mais il y a parfois des cultures intéressantes, canne à sucre, etc. Ça fend le coeur de voir tous ces auto-stoppeurs, dont certains tendent des pesos. Ça doit être extrêmement frustrant pour eux de voir passer ce bus presque vide, 16 personnes y compris Eva, notre accompagnatrice cubaine et Dan, notre chauffeur. On en a discuté avec Eva, mais elle dit qu'on ne prend pas d'auto-stoppeurs pour deux raisons : les risques de vol mais aussi le fait qu'on passerait notre temps à s'arrêter pour prendre des gens ou les laisser descendre et on mettrait la journée pour se rendre. Les véhicules de l'État sont forcés de prendre des passagers. On a fait un arrêt pipi dans une station-service.

Nous n'avons que des pesos convertibles (CUC), pas de pesos cubains. Les pesos convertibles sont utilisés par les touristes, mais les Cubains s'en servent aussi pour acheter certains produits «de luxe» qui ne sont pas disponibles en pesos ordinaires. Un CUC vaut environ 25 pesos cubains. La toilette de la station-service est notre première toilette publique. Eva nous dit qu'on peut laisser dans l'assiette 0,05 CUC par personne. Voici notre première vieille Américaine, une de ces superbes voitures des années 50 que les Cubains bichonnent et réparent avec toutes sortes de pièces. [En fait, il semble que la Ford Zephyr soit une Britannique plutôt qu'une Américaine.] Le propriétaire nous explique qu'elle a maintenant un moteur de Toyota, une transmission de Lada et un différentiel de Falcon. Le capitonnage a été refait aussi sans doute, car il est en très bon état.

Pendant une bonne partie du trajet (environ quatre heures au total), on parle de toutes sortes de choses avec Eva. Elle est venue au Québec deux fois, dont une en décembre, et elle ne pouvait pas imaginer qu'il soit possible de mettre tant de vêtements en même temps.

Notre bus est italien. (On trouve à Cuba des autobus achetés d'occasion dans divers pays, parfois avec encore à l'avant des indications de leur circuit original, j'en ai vu un de Milan.) Il est confortable mais pas luxueux, pas de toilette ni de sièges inclinables, pas de climatisation mais avec les fenêtres ouvertes, on est bien.
(suite du récit)