15.6.06

3 mai (4) - Jean-Guy Allard

L'après-midi s'est conclu par une rencontre avec Jean-Guy Allard, ancien directeur de l’information au Journal de Québec et au Journal de Montréal, qui écrit maintenant pour Granma. Il est l'auteur d'un livre intitulé Le dossier Robert Ménard - Pourquoi Reporters sans frontières s'acharne sur Cuba, dont il y a un extrait très éclairant ici. (Sur la photo : Javier Dominguez, directeur de la section de l'Amérique du Nord de l'ICAP, Luce et Jean-Guy Allard.)
Nous avons posé des tonnes de questions et je pense que nous aurions pu continuer à discuter pendant des heures si nous avions eu plus de temps.
Sur la photo : (Lisa-Marie, journaliste pigiste, avec son collègue maintenant établi à Cuba.)
De retour au CIJAM, après le souper, nous allons sur le terrain de sport pour répéter notre numéro pour la soirée de demain où les membres de la Brigade internationale du 1er mai vont présenter des danses et des chants de leurs divers pays. Nous ne faisons pas partie de cette brigade, mais nous avons été invités à faire quelque chose aussi. Nous avons donc décidé de présenter une turlute (avis aux lecteurs : comme l'explique Mario Bélanger dans son Petit Guide du parler québécois, turluter chez nous «ne désigne pas du tout la fellation, comme dans le langage populaire français », mais plutôt « fredonner, moduler quelques syllabes sur le bout de la langue»), puis un «set carré» quelque peu simplifié. Nous avons beaucoup ri, parce que peu d'entre nous savent vraiment comment danser ça et c'est assez mêlant... De toute façon, nos spectateurs n'auront aucune idée de ce dont c'est supposé avoir l'air. (suite du récit)

3 mai (3) - Musée de l'alphabétisation

«Etre instruit est la seule manière d'être libre», disait déjà au 19e siècle José Marti, le héros de l'indépendance cubaine, qui est aujourd'hui encore la référence et le maître à penser en matière pédagogique.
De fait, dès 1959, l'éducation a été une des priorités du nouveau régime issu de la révolution. Le pays comprenait alors un million d'analphabètes sur six millions d'habitants. Plus de 800.000 enfants n'allaient pas à l'école, alors qu'il y avait 10.000 professeurs sans classe ! L'école secondaire, aux mains des congrégations religieuses, était réservée à une élite, de même que l'université.
En 1961, le gouvernement organisa une gigantesque campagne d'alphabétisation. Cent mille jeunes, garçons et filles, tous volontaires, armés seulement d'un manuel et d'une lanterne, partirent dans les campagnes vivre et travailler avec les paysans, auxquels, le soir, ils apprenaient à lire, écrire et calculer. En quelques mois, le pourcentage d'analphabètes tomba de 23 à 3%. On mit ensuite sur pied des plans d'éducation (bourses, cours du soir) pour permettre à tous les alphabétisés de compléter leur formation tout en continuant à travailler.
Cette extraordinaire épopée est racontée de manière émouvante par le musée de l'alphabétisation à La Havane. (Extrait d'un article de Anne-Marie Dardenne dans l'Ecole démocratique, une publication belge)


Encore une visite très intéressante. La responsable du musée nous a parlé des jeunes qui ont été tués parce qu'ils allaient montrer à lire aux paysans.
Il y a plein de photos dans le musée et aussi une vitrine avec des livres utilisés pour les programmes d'alphabétisation de divers pays d'Afrique et d'Amérique. Cuba a notamment contribué à la mise sur pied de programmes d'alphabétisation au Venezuela et c'est maintenant au tour de la Bolivie d'appliquer la méthode «Yo si puedo». (suite du récit)

3 mai (2) - Mémorial José Marti

Nous sommes allés visiter le Mémorial José Marti, sur la Place de la Révolution. Colette Lavergne, qui s'est jointe à nous ce matin, nous guide très efficacement, car nous n'avons qu'une heure pour la visite.








Il y a des liens entre le Québec et Cuba que j'ignorais totalement : Pierre Le Moyne d'Iberville est mort à La Havane (en 1706), empoisonné, paraît-il. Il y a une statue le représentant sur le Malecon.
Je ne savais pas grand-chose sur José Marti, le grand poète et patriote cubain, la visite a été très intéressante. Les paroles de la chanson Guantanamera sont tirées d'un de ses poèmes.
(suite du récit)

3 mai (1) - Rencontre à l'ICAP

Nous avons été réveillés à 5 h ce matin par la musique et l'enregistrement de coq parce que des gens de la brigade internationale (pas nous) vont à Santa Clara aujourd'hui. Ils font l'aller-retour dans la journée, 4 heures de routes dans chaque sens. Il faut vraiment vouloir voir le Mémorial du Che... Heureusement, nous ne partons qu'à 9 h pour La Havane.
On nous remet deux sandwiches et une boisson gazeuse pour notre repas de midi. Dans le programme original, plusieurs repas étaient prévus à l'ICAP, mais comme nous avons demandé une réduction parce que ça dépassait trop ce qui avait été annoncé aux éventuels participants, on a éliminé ces repas. C'est pas grave, ça nous donne plus de temps pour des activités.
La Maison de l'ICAP (Institut cubain d'amitié avec les peuples) est impressionnante. En fait, l'ICAP occupe dans le Vedado plusieurs maisons avoisinantes. Et il y a des toilettes avec siège et papier, une grande rareté dans ce voyage.

Nous avons dans la cour une rencontre avec le directeur de la section de l'Amérique du Nord de l'ICAP, Javier Dominguez, qui nous parle des trois problèmes principaux de Cuba : le logement, le transport et l'alimentation. (suite du récit)

2 mai (2) - Rues de la vieille ville

Je me suis promenée dans la Vieille Havane avec quelques compagnes, dont Eva, notre accompagnatrice et interprète, qui nous a montré la Bodeguita del Medio, où les murs sont couverts de signatures et de photos. Nous sommes ensuite tombées par hasard sur une bibliothèque pédagogique. La porte était ouverte, j'ai jeté un coup d'oeil et on nous a aussitôt invitées à entrer et à nous asseoir au frais, près du ventilateur. Une dame nous a montré le cahier utilisé pour alphabétiser des millions de Cubains juste après la Révolution. Plutôt que «bobo», «bébé», «papa», on y trouve des mots comme «cooperativa», des noms d'outils utilisés par les paysans, etc.
Je sais que la Banque Scotia (Bank of Nova Scotia) a des succursales un peu partout dans le monde, mais j'ai quand même été surprise de voir cet édifice.

Il y a quelques mendiants, mais ils ne nous harcèlent pas. Un touriste de Toulouse, en vacances avec sa famille, nous a entendu parler français et nous a demandé où nous avions trouvé nos T-shirts du 1er mai.

Nous avons croisé Moïse au coin d'une rue et nous avons insisté pour l'emmener chez un optométriste afin de voir s'il pourrait remplacer ses lunettes (perdues à Varadero) pour moins cher qu'au Québec. Nous étions passées là un peu plus tôt et nous avions posé plein de questions. On peut obtenir les lunettes dans un délai de 24 heures et payer avec une carte de crédit. Moïse a discuté avec une personne du labo d'optique et malheureusement, ils manquaient temporairement de verres amincis, qu'ils font venir d'Espagne.
Retour à Caimito. Délicieux jus de pamplemousse frais, potage aux haricots, saucisses en sauce, riz, pommes de terre, salade et melon. J'ai pris une douche encore une fois en puisant de l'eau dans un seau à l'aide d'une tasse. On présente des films sur Cuba dans un bâtiment du campement. J'ai regardé un documentaire, mais après, c'était un film assez ancien et qui n'avait pas l'air passionnant, alors comme je comprenais à peine, je m'endormais trop pour rester. Comme d'habitude, j'aurais aimé me coucher tôt, mais il y a beaucoup de gens bruyants dans la cour. L'alcool coule à flots et en plus de la musique dans les haut-parleurs, il y a des percussions et des cris. Heureusement que j'ai mes bouchons, mais ça ne suffit pas toujours... (suite du récit)