16.6.06

5 mai (1) - Une école très spéciale

Notre dernier jour à Cuba. Luce, Moïse et moi sommes contents de rentrer demain, je suppose que c'est pareil pour les autres. Moïse dit que si le voyage était plus long, il lui faudrait avoir un projet à réaliser pour éviter de tourner en rond.
Nous avons passé l'avant-midi dans une «école spéciale» de La Havane, qui accueille des enfants et des adolescents handicapés mentaux. Les élèves sont très peu nombreux dans les classes, les plus jeunes sont seulement quatre pour un enseignant. D'autres un peu plus vieux apprennent la signification des panneaux de signalisation.
Il y a même une pièce divisée en une minuscule chambre et une cuisine pour apprendre aux plus vieux à faire le ménage et à tenir maison.




L'école se compose de plusieurs bâtiments entourés d'arbres et de fleurs.





Il y a aussi des jardins où les élèves cultivent des fruits et des légumes.



Un lieu très agréable, je n'aurais pas imaginé qu'une institution pour les handicapés mentaux puisse offrir un environnement si paisible et accueillant.
(suite du récit)

4 mai (12) - Le Québec sur une table

Nous avons appris à la dernière minute que les gens installaient des tables pour présenter des objets de leur pays. La plupart ont apporté des produits alimentaires, certains ont même cuisiné des plats. Nous n'étions pas préparés, mais nous avons fait preuve de beaucoup de créativité pour trouver quelques objets qui évoquent le Québec... ou le Canada, dans le cas des billets de banque. Nous avons vite installé notre grand drapeau du Québec comme décor.
Les photos que je traînais un peu partout pour les montrer aux Cubains (la neige, Montréal la nuit, un orignal, etc.) ont été très utiles. À défaut de plats vraiment typiques, nous avons mis sur la table un pot de «beurre de pinotte» (beurre d'arachide, ou de cacahuètes, comme disent nos amis français) et même des barres granola. Éric a étalé des cartes à jouer représentant des joueurs de hockey, un magazine L'Actualité et son permis de conduire, quelqu'un d'autre a ajouté sa carte d'assurance maladie. Éric a aussi installé son lecteur de CD pour que les gens puissent venir écouter un peu de musique québécoise. Luce a passé une bonne partie de la soirée à surveiller tout ça. Vers 1 h, peu après que je sois partie me coucher, la musique s'est arrêtée et on a déplacé la fête dans un coin à l'écart, loin des dortoirs. (suite du récit)

4 mai (11) - Tout le monde balance...

... et puis tout le monde danse! Ce soir, au CIJAM, c'est le grand spectacle où les diverses délégations de la Brigade internationale du 1er mai présentent des danses et des chants de leurs pays respectifs. Nous ne faisons pas partie de cette brigade, mais nous avons été invités à participer. En fait, c'est nous qui ouvrons le spectacle!
Minerva explique en espagnol les origines de la turlute (et je le répète, turluter chez nous «ne désigne pas du tout la fellation, comme dans le langage populaire français», mais plutôt « fredonner, moduler quelques syllabes sur le bout de la langue»), en évoquant l'époque ou le conquérant anglais en Nouvelle-France interdisait de chanter pour éviter que les gens passent des messages politiques dans leurs chansons. D'après ce que je viens de lire ici, cette explication tiendrait plutôt de la légende, mais c'est pas grave, le texte de Minerva était tellement évocateur que j'avais presque envie de pleurer sur notre sort de peuple conquis.
Pierre improvise une turlute, accompagnée de Jacinthe aux cuillers.





Après la turlute, nous présentons un «set carré» assez simplifié sur un air de La Bottine souriante.




Nous nous en tirons pas si mal, compte tenu de notre peu d'expérience de ce genre de danse, pour plusieurs d'entre nous.





Lorsque nous «refoulons» (tout le monde en cercle et chacun va vers le centre), nous crions : «Québec... Cuba... Libre!!!»

Nous avons été félicités plusieurs fois dans la soirée. C'est vrai que notre spectacle était plutôt élaboré, avec cette danse aux figures variées. Les autres délégations ont présenté surtout des poèmes et des chansons.

La «délégation» américaine, composée de deux membres, a chanté et mimé avec humour deux chansons, «This Land is Your Land» et «Row your boat». L'Espagne a présenté un poème en deux langues, le castillan et le Basque. Les Péruviens avaient quelque chose dans une langue autochtone en plus de l'espagnol. La Russe, la fille du Kazakhstan et le Bulgare ont unis leurs efforts pour une chanson. Les Colombiens ont présenté un super spectacle, avec un guitariste très énergique. Il y a eu aussi des Vénézuéliens, des Turcs, etc. et tout le monde a fini par danser la conga. (suite du récit)

4 mai (10) - Las Terrazas

Sur le chemin du retour, nous faisons un arrêt à un autre endroit merveilleux, Las Terrazas, dans une réserve de la biosphère qui couvre une grande partie de la Sierra del Rosario.
On y trouve un centre de recherche en écologie, mais aussi des endroits pour pique-niquer et se baigner dans la rivière San Juan. L'eau de la rivière est sulfureuse (mais ne sent pas mauvais) et elle est supposée guérir toutes sortes de choses.
Je flotte davantage que dans une eau douce normale, une bonne chose puisque c'est assez profond et je ne peux reprendre pied qu'en m'accrochant à une paroi.


Les rochers sont très glissants, il est assez difficile de s'y déplacer autrement qu'à quatre pattes. Ça manque de dignité, mais la station debout est trop risquée, pour moi du moins. L'eau est chaude, mais celle qui tombe de la cascade l'est plus encore. Je suis allée me placer dessous pour prendre ma seule douche chaude du voyage. Les Cubains viennent ici en famille depuis longtemps. C'est seulement depuis quelques années qu'on a créé des installations pour les touristes comme l'Hôtel Moka. Il y a aussi de très beaux complexes résidentiels pour les Cubains. On fait ici de l'éducation en écologie. Dans cette réserve de la biosphère, on trouve 850 espèces de plantes et 82 sortes d'oiseaux.

Puisque le transport est toujours un problème pour les Cubains, nous avons fait monter un groupe d'élèves du primaire avec leur enseignante. À l'arrière, c'était le party. Éric a branché son iPod sur le système de son de l'autobus et nous étions quelques-uns à danser sur les Beatles. Nous avons invité les enfants à danser avec nous, mais personne n'a osé. Ils ont dû nous trouver pas mal bizarres... (suite du récit)

4 mai (9) - À notre tour

Les danseurs entraînent tout le monde à leur suite. Nous faisons d'abord le tour du Patio, mais nous finissons par danser dans la rue. Les voisins sortent pour regarder ces touristes qui dansent mal. Le soleil tape, après ces heures dans la fraîcheur des arbres.


Et c'est le temps de quitter ce lieu paradisiaque...
(suite du récit)

4 mai (8) - Danses africaines

On nous présente des danses très impressionnantes. Je pense que c'est en rapport avec la santeria, une religion semblable au vaudou qui vient des traditions africaines apportées par les esclaves.










Il y a même un petit sanctuaire près d'un arbre. On nous dit que si on a des faveurs à demander, on peut prier ici. (suite du récit)

4 mai (7) - Danzon

On nous fait une démonstration de danses traditionnelles, en commençant par le danzon, une danse tranquille que préfèrent souvent les personnes âgées. Nous avons présenté à notre tour une version réduite (à cause du manque d'espace) du «set carré» que nous avons répété pour le spectacle de ce soir au campement.


Il y a ici un «personnage», un petit vieux tout ridé qui fait des chansonnettes de son invention et les termine toujours par un espèce de cri aigu : «Aiiiiii!», une sorte de signature musicale. :-)

Comme dit Éric, ça doit être le Normand L'Amour cubain, sauf qu'il n'a pas encore été découvert... (suite du récit)

4 mai (6) - Être instruit pour être libre

Une phrase qu'on trouve souvent à Cuba, où le taux d'alphabétisation est très élevé, aucun rapport avec les autres pays de la région.



Voici quelques oeuvres de Mario Pelegrín. Ginette fait des démarches afin de le faire venir au Québec en octobre pour présenter ses oeuvres au centre culturel de Waterloo, dans l'Estrie. Il a déjà exposé en Suisse.

Il y a ici des cours de papier mâché et de céramique, mais aussi d'appréciation littéraire, de fabrication de cigares, de pâtisserie traditionnelle, de musique et de danse folklorique. (suite du récit)

4 mai (5) - Un festin dans les arbres

La salle à manger est dans les arbres, comme la chambre de Mario. Ce n'est pas évident de monter là, l'escalier est fait de grosses branches. On a donc prévu une table en bas pour les gens qui auraient du mal à grimper. Mais les personnes qui font le service montent et descendent l'escalier les bras chargés de plats.
Nous avons mangé ici le meilleur repas de notre séjour, en commençant par une délicieuse polenta. La vue est belle du haut de cette plate-forme. Chaque fois qu'on tourne la tête, on découvre de nouveaux objets, sculptures, fruits suspendus, coquillages... (suite du récit)

4 mai (4) - J'ai du bon tabac

Près du Patio, il y a des champs de tabac et un séchoir, que l'on nous emmène visiter.







On vient de récolter les feuilles, les plants sont plutôt dégarnis.




Je ne fume pas et je déteste l'odeur de la fumée de cigarettes, mais je dois reconnaître que ça sent très bon dans le séchoir.


Juste à côté, il y a une petite centrale électrique, mais on nous a demandé de ne pas la photographier. On est en train d'installer à Cuba des petites centrales partout pour que l'alimentation électrique soit plus fiable et les pannes moins importantes. (suite du récit)

4 mai (3) - À votre santé!

La soeur de Mario est infirmière. Elle s'occupe des ateliers d'éducation en santé. À Cuba, comme il est difficile d'importer des médicaments à cause du blocus, on fabrique plein de remèdes à base de plantes.


L'infirmière explique quoi faire si on a la grippe ou la fièvre et montre même comment installer un sac de soluté.




La campagne de prévention du sida est présente ici comme ailleurs à Cuba. Il y a partout des explications sur les condoms et cette affiche : «Si tu ne sais pas quoi faire dans certaines situations, brise la glace avec tes mains.»








Tout comme au foyer maternel de Santa Clara, il y a des affiches pour combattre la discrimination envers les homosexuels : «Lui aussi est des nôtres. Estime tes amis pour leurs qualités, pas en fonction de leurs préférences sexuelles.» (suite du récit)

4 mai (2) - Les enfants du paradis

On repère dans les écoles de la région les enfants qui aiment particulièrement les arts plastiques et on les emmène au Patio pour suivre des cours et fabriquer des objets d'artisanat.

On enseigne aussi la cuisine... même aux garçons. Ils nous ont fait goûter à un dessert à la noix de coco, très sucré, comme tous les desserts cubains.


Tous les ateliers ont lieu dehors. Les marmites chauffent sur des petits réchauds au charbon, il y a aussi un four. Les feuilles de bananier font office de plats de service.


Des fillettes apprennent à crocheter des sacs. Le Patio n'est pas subventionné, il fonctionne grâce aux dons et aux achats des visiteurs.
(suite du récit)

4 mai (1) - Oasis

Lever à 7 h, départ à 8 h. On a eu des toasts ce matin! Et toujours le délicieux jus de pamplemousse. Nous changeons de bus et nous retrouvons Dan, notre chauffeur préféré. Il a donc fallu déplacer nos drapeaux.
Nous avons réuni tout ce que chacun a apporté à donner : matériel pour artistes, vêtements, produits d'hygiène personnelle. Nous allons à Puerta de Golpe, une dizaine de kilomètres avant Pinar del Rio, environ 1 h 30 par l'autoroute.
C'est difficile de décrire le Patio de Pelegrín. Comme on dit dans leur dépliant : «Non, ce n'est pas un rêve, même si ça peut sembler l'être.» Il s'agit d'un projet communautaire pour favoriser le développement social de la population du village. Mais ça a surtout l'air d'un paradis...
Le Patio était autrefois un terrain vague où les gens du coins laissaient traîner des ordures. Mario Pelegrín est revenu de combattre en Angola avec tant de visions de violence qu'il a dû trouver quelque chose à faire pour ne pas devenir fou. Il s'est donc mis à peindre. Il a commencé à planter des arbres sur ce terrain derrière sa maison et à y aménager un merveilleux jardin. Puis il s'est dit que les gens du village devraient en profiter aussi. Peu à peu, des activités ont été mises sur pied tant pour les enfants et les adolescents que pour les adultes et les personnes âgées.

La chambre de Mario est dans les arbres, c'est la cabane que l'on voit sur la photo. Ses parents et le reste de la famille habitent la maison qui donne sur la rue. (suite du récit)